LA FUITE DE L’ENFANCE
Par les jardins anciens foulant la paix des cistes,
Nous revenons errer, comme deux spectres tristes,
Au seuil immaculé de la Villa d'antan.
Gagnons les bords fanés du Passé. Dans les râles
De sa joie il expire. Et vois comme pourtant
Il se dresse sublime en ses robes spectrales.
Ici sondons nos coeurs pavés de désespoirs.
Sous les arbres cambrant leurs massifs torses noirs
Nous avons les Regrets pour mystérieux hôtes.
Et bien loin, par les soirs révolus et latents,
Suivons là-bas, devers les idéales côtes,
La fuite de l'Enfance au vaisseau des Vingt ans.
LA HUIDA DE LA INFANCIA
Por los viejos jardines hollando la paz de las cestas
volvemos a errar, como dos espectros tristes,
en el umbral inmaculado de la Villa de antaño.
Llegamos a las orillas marchitas del pasado. En los estertores
de su alegría él expira. Y ve cómo, a pesar de ello,
se alza sublime en fantasmales vestiduras.
Aquí pulsamos nuestros corazones cubiertos de desesperanza.
Bajo los árboles se arquean sus grandes torsos negros;
Extrañamos a los misteriosos huéspedes.
Y muy lejos, en noches ya pasadas y secretas,
continuamos hacia las costas perfectas,
a la huida de la Infancia en la nao de los veinte años.
LE LAC
Remémore, mon cœur, devant l'onde qui fuit
De ce lac solennel, sous l'or de la vesprée,
Ce couple malheureux dont la barque éplorée
Y vint sombrer avec leur amour, une nuit.
Comme tout alentours se tourmente et sanglote !
Le vent verse les pleurs des astres aux roseaux,
Le lys s'y mire ainsi que l'azur plein d'oiseaux,
Comme pour y chercher une image qui flotte.
Mais rien n'en a surgi depuis le soir fatal
Où les amants sont morts enlaçant leurs deux vies,
Et les eaux en silence aux grèves d'or suivies
Disent qu'ils dorment bien sous leur calme cristal.
Ainsi la vie humaine est un grand lac qui dort
Plein, sous le masque froid des ondes déployées,
De blonds rêves déçus, d'illusions noyées,
Où l'Espoir vainement mire ses astres d'or.
EL LAGO
Corazón mío, recuerda ante el oleaje huidizo,
bajo el oro de la tarde, de ese solemne lago
a la desdichada pareja en cuya afligida barca
vino, una noche, a zozobrar su amor.
¡Todo, alrededor suyo, es tormento y sollozo!
El viento arroja el llanto de los astros en los juncos,
el lirio se ve ahí en el azul pleno de pájaros
como para buscar una imagen que flota.
Mas nada ha surgido desde esa noche fatal
cuando murieron, enlazando sus vidas los amantes;
en silencio, las continuas aguas de la playa de oro
dicen que duermen bien bajo su calmado cristal.
Así, la vida humana es un gran lago que duerme
pleno, bajo la fría máscara de las olas extendidas
y de rubios sueños que no resultaron, de ahogada ilusión,
en donde la Esperanza vanamente mira el oro de sus astros.
SOUS LES FAUNES
Nous nous serrions, hagards, en silencieux gestes,
Aux flamboyants juins d'or, pleins de relents, lassés,
Et tels, rêvassions-nous, longuement en enlacés,
Par les grands soirs tombés, triomphalement prestes.
Debout au perron gris, clair-obscuré d'agrestes
Arbres évaporant des parfums opiacés,
Et d'où l'on constatait des marbres déplacés,
Gisant en leur orgueil de massives siestes.
Parfois, cloîtrés au fond des vieux kiosques proches,
Nous écoutions clamer des peuples fous de cloches
Dont les voix aux lointains se perdaient toutes tues,
Et nos cœurs s'emplissaient toujours de vague émoi
Quand, devant l’œil pierreux des funèbres statues,
Nous nous serrions, hagards, ma Douleur morne et moi.
BAJO LOS FAUNOS
En el azoro, con silenciosos gestos, nos abrazábamos
resplandecía el oro de junio, llenos de resabios, fatigados.
Y así, soñábamos despiertos, en un largo abrazo,
en grandes ocasos, triunfalmente prontos.
De pie en la gris escalinata y su claroscuro de salvajes
árboles que evaporan su perfume de opio
y en donde se constatan los mármoles desplazados,
que yacen en la gran siesta de su orgullo.
A veces, enclaustrados al fondo de los viejos kioscos cercanos,
escuchábamos lamentar las campanas de los pueblos locos,
cuyas voces, silenciosas todas, se perdían en la distancia.
Y nuestros corazones se llenaban siempre de una vaga emoción
cuando, ante la mirada pétrea de las estatuas fúnebres,
nos abrazábamos, azorados, mi triste Dolor y yo.
Trad. León Plascencia Ñol/Françoise Roy